Un livre dans ma valise Asie,Lecteur ado En Mongolie, là où naissent les nuages

En Mongolie, là où naissent les nuages



Sur fond de voyage humanitaire à Oulan-Bator, Annelise Heurtier offre aux ados un roman sur la quête d’identité. Fort et sauvage.

Annelise Heurtier - voyage en Mongolie en familleLe hasard du calendrier a fait arriver le roman d’Annelise Heurtier dans ma boite aux lettres quelques jours avant que je ne teste une nuit en yourte dans un parc animalier près de Nantes*. Certes je n’ai pas pu m’imprégner de l’immensité des steppes, ni de la rudesse de la vie de nomades mais j’ai apprécié la rondeur de ce cocon mongole qui a bercé mes rêves durant une nuit étoilée.

Dans « là où naissent les nuages » de Annelise Heurtier (Casterman), rien ne prédestinait Amélia – fille d’un chirurgien parisien reconnu et d’une mère juge aux affaires familiales – à se remettre en question. Et pourtant son quotidien n’est pas rose, selon elle : à 16 ans, elle se trouve moche, gauche et sans intérêt. Elle gloutonne et griffonne à longueur de journée pour oublier qui elle est et surtout qui elle n’est pas. Amélia se sent aussi terne que sa mère est brillante.

Une lettre postée de Mongolie et adressée à sa mère va changer la donne. L’association dans laquelle elle s’était investie 16 ans auparavant l’informe du décès de Nikita, un des membres du foyer accueillant les enfants abandonnés d’Oulan-Bator. Les parents d’Amélia décident d’y aller en famille durant les vacances d’été… mais à quelques jours du départ, les obligations professionnelles des parents les retiennent finalement à Paris, catapultant seule Amélia dans ce monde inconnu, rude et lointain dans lequel elle ne souhaitait se rendre que  pour briller aux yeux de ses congénères.

C’est alors le début de la lente métamorphose d’Amélia. La chenille va-t-elle réussir à sortir de sa chrysalide pour prendre son envol ? La vie au foyer la met au coeur d’une réalité à l’opposé de ce qu’elle vit dans son quartier doré parisien. Pourtant l’arrogance de Franck l’humanitaire, l’accent « so british » de Simon, le regard sans concession du jeune Mukshuk, la vie dans les steppes auprès de Narantsetseg et le souvenir de Nikita vont tour à tour la bousculer et l’aider à avancer. En élargissant son champ de vision, elle s’ouvre à la vie.

Amélia est « grisée par la puissance de cet endroit, âpre et splendide à la fois » (p. 161). Avant même de pouvoir se poser des questions et de s’imaginer le puzzle probable de sa venue au monde, Amélia est de nouveau à Paris, dans sa vie d’avant…. à la différence près qu’elle a fait une rencontre inestimable : une rencontre avec elle-même.

Et c’est en couchant sur le papier son aventure hors du commun qu’Amélia trouvera l’apaisement, faisant un pas de plus – sereinement cette fois – vers l’âge adulte.

Décidément après Sweet Sixteen qui offrait une vision engagée de l’Amérique des années 50, Annelise Heurtier nous embarque une nouvelle fois avec elle dans cette quête initiatique, accessible aux lecteurs dès 12 ans.  Je vous recommande vivement ce roman dans les steppes mongoles, où la réalité dépeinte est sans concession. Pourtant la violence de la ville s’atténue vite quand on arrive là où naissent les nuages, à 1 700 kilomètres de la capitale mongole. Au milieu de nulle part, l’organisation d’un campement nomade, le Naadam, la chasse à l’aigle, les traditions respectées forment un tout cohérent, certes rude mais harmonieux.

Sandrine Damie

* Planète sauvage !

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