L’enfant d’Oradour


l'enfant d'Oradour - Scrineo

A travers « L’enfant d’Oradour », roman-témoignage, l’auteur, Régis Delpeuch, prête sa plume à Roger, seul enfant rescapé du massacre d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944.

Après le débarquement des alliés le 6 juin 1944, la Seconde Guerre Mondiale n’est hélas pas terminée. Les habitants du paisible village d’Oradour-sur-Glane, près de Limoges vont faire les frais des derniers assauts des soldats allemands.

Les Allemands encerclent le village, avant d’y mettre le feu. Parqués dans l’église, les mères et leurs enfants périssent dans l’édifice dans lequel ils ont été enfermés. Au même moment, les hommes – rassemblés sur la place du village – sont tous fusillés.

Au total, les 642 personnes présentes dans le bourg sont mortes à Oradour ce 10 juin 1944 sur les 1 500 habitants.

l'enfant d'Oradour - Scrineo« L’enfant d’Oradour », un témoignage poignant à hauteur d’enfants

Comment parler du massacre d’Oradour aux enfants ? Plus qu’un exposé historique, l’auteur de ce roman pour les juniors ancre son propos dans le quotidien d’un enfant du village. Sa particularité ? Il est le seul à avoir survécu à ce massacre !

Roger et sa famille ont été déracinés de leur Moselle natale, en quelques heures, par les Allemands en 1940. Leur maison réquisitionnée comme beaucoup d’autres dans le village, les voilà mis de force dans un train pour rejoindre une destination inconnue jusque là : le village d’Oradour-Sur-Glane. Roger y coule des jours heureux en famille jusqu’à ce terrible samedi 10 juin 1944.

Après avoir rappelé ce 1er épisode chaotique pour la famille, le narrateur décrit les 10 jours qui vont précéder le massacre. Le lecteur se laisse emporter par ce quotidien banal, avec les jeux d’enfants, l’amitié de Roger et Marcel, la communion d’une de ses sœurs, la canne du grand-père… autant de petites anecdotes qui nous familiarisent avec la vie de ce gros bourg de Province. Au fil des pages, on s’attache à Roger, espiègle petit rouquin.

Alors que les enfants sont rassemblés dans leurs écoles, les Allemands arrivent, et somment la population de se rassembler sur la place du village. Se méfiant des Allemands comme le lui a appris son père, Roger fuit, seul, et échappe à plusieurs reprises aux soldats. Recueilli dans un hameau proche d’Oradour, il se demande bien ce qu’était cette épaisse fumée s’échappant de son village suite à une forte détonation. Rapidement, l’espoir de retrouver ses proches s’effondre…

La lecture de ce roman est loin d’être évidente. En le débutant, on connaît évidemment la fin tragique, ce qui rend le récit encore plus dur à soutenir. Les chapitres s’enchaînent de façon chronologique, nous rapprochant de la tragédie. Cela renforce l’intensité du propos. Les derniers chapitres consacrés au retour à une vie « normale » serrent le coeur. Et on n’a qu’un souhait : que chaque survivant d’un tel massacre ait pu trouver le chemin de la résilience pour se reconstruire.

Autant, vous le dire, je n’ai pas 9 ans (âge préconisé pour cette lecture), mais j’ai pleuré. L’amour familial qui ressort de la narration montre combien Roger aimait ses proches. C’est un bel hommage qui leur est ici rendu.

Bon à savoir : un dossier documentaire de quelques pages prolonge le roman. De quoi aider votre enfant à situer le massacre dans le contexte de la Guerre. C’est aussi l’occasion de discuter avec lui d’Histoire en général.

Sandrine Damie

L’enfant d’Oradour
de Régis Delpeuch
Editions Scrinéo
9, 90 euros

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