Suite à une chronique sur les livres jeunesse autour de la région Poitou-Charentes, Sandrine Beau, auteure, a pris contact avec moi. Cela a été l’occasion de l’interroger sur son parcours d’auteure et sur son roman « Toute seule dans la nuit » qui se déroule dans le marais poitevin.
Comment êtes-vous devenue auteure ?
Par hasard ! J’étais en congé parental, après la naissance de mon dernier enfant, et donc moins dans la course que d’habitude… Comme pour une fois, j’avais du temps et un esprit qui n’était plus en surchauffe permanente, un beau matin, une première idée d’histoire est arrivée.
Ensuite, ça ne s’est plus arrêté !
Quel a été le déclic pour vous lancer ?
J’ai toujours aimé lire des histoires à mes enfants.
Et j’ai découvert avec eux, à quel point la littérature jeunesse avait changé par rapport à celle qui existait, quand j’étais une enfant. Elle était devenue riche, foisonnante, on pouvait y parler de tout… J’ai été aussi subjuguée par la beauté des albums, la qualité des illustrations… Alors, un jour, je me suis décidée à envoyer moi aussi un de mes textes.
Quel a été votre premier livre publié ?
L’hippopotin, un roman pour les 6 ans et plus, chez Talents Hauts, une maison dont les valeurs me touchaient particulièrement (ses éditrices luttent contre la discrimination et le sexisme). C’est l’histoire d’une petite hippopotame qui hésite à montrer ses rondeurs, parce qu’on se moque d’elle (archi résumé, hein !).
Comment était née cette première collaboration ?
J’ai lu les premiers livres de cette jeune maison d’édition et j’ai tout de suite eu envie de travailler avec elles. J’ai donc écrit cette histoire, spécialement pour elles, sans savoir si mon hippopotame les intéresserait. Quand, quelques semaines plus tard, j’ai reçu un appel de Talents Hauts qui souhaitait publier mon texte, j’ai carrément dansé la carmagnole dans mon salon !
Pourquoi écrivez-vous pour les enfants / adolescents ?
Parce que c’est un public qui m’inspire et à qui j’ai envie de faire vivre des émotions. J’aime vraiment beaucoup ces âges où l’on découvre le monde, où l’on est curieux, avides de nouveautés… Où l’on vit de tas de premières fois (c’est tellement émouvant, les premières fois !)
Quels sont les sujets qui vous inspirent ?
Tout ce qui me touche, tout ce qui m’émeut, tout ce qui me révolte, tout ce qui me fait rire… La vie, tout simplement, je crois bien !
Votre roman « Toute seule dans la nuit » se déroule dans le marais poitevin. Pourquoi ce choix de lieu ?
Parce qu’une grande partie de mon enfance s’y est déroulée. Mes grands-parents habitaient les Deux-Sèvres et j’étais très souvent fourrée chez eux.
J’ai vécu là bas, sous les yeux de deux personnes qui me regardaient comme si j’étais la 8e merveille du monde (y a pire, pas vrai ?), alors aujourd’hui, j’aime me souvenir de ces moments-là. C’est aussi pour ça que mon livre raconte l’histoire d’une toute jeune fille et de son grand-père. Et que la maison de l’histoire est celle de mes grands-parents.
Qu’est-ce qui vous plait dans le marais poitevin ?
C’est un endroit magnifique. Calme et apaisant. Quand j’y repense, je vois du vert et de l’eau partout autour de moi. Ça ne ressemble à aucun autre paysage.
Et là encore, ce lieu est relié à mes grands-parents, puisque que la dernière fois que j’y suis allée, j’y ai fait une balade en barque (avec un pigouilleur, comme il se doit !) avec mon papy, ma mamie et mon amoureux que je venais de leur présenter. Beaucoup d’émotions, donc dans ce lieu magique !
Pouvez-vous nous présenter rapidement l’intrigue de votre roman ?
C’est l’histoire de Miette, une petite jeune fille qui est en vacances chez son grand-père. Un soir, son papy part faire une course et ne revient pas. Miette s’endort sur le canapé en l’attendant, mais elle est réveillée au milieu de la nuit par un bruit de pas dans la maison. Et ces pas ne sont pas ceux de son grand-père…
C’est un polar assez haletant, si j’en crois les retours des enfants qui l’ont lus !
Comment cette histoire a pris forme dans votre tête ?
La naissance d’une histoire, c’est un peu un mille-feuilles.
On empile des couches les unes sur les autres. Au début, ça se construit en douceur dans la tête. Une musique qu’on entend, une conversation, une réplique particulièrement drôle d’un enfant, un évènement qui nous choque, un article qu’on a lu, un souvenir qui remonte… C’est difficile de savoir quand et comment ça a commencé.
Pour « Toute seule dans la nuit », je sais quand même que le point de départ, ça a été les retours des enfants, rencontrés dans les écoles.
J’avais écrit un précédent polar (« L’étrangleur du 15 août ») qui a été sélectionné de nombreuses fois et je suis donc allée un peu partout en France pour échanger avec mes lecteurs. Ce qui m’a le plus bouleversé lors de ces rencontres, c’étaient les enfants qui ne lisaient pas habituellement et qui avaient été tout de suite « embarqués » dans mon histoire.
J’ai eu envie d’écrire un second polar pour eux. Pour les enfants qui ne savent pas encore à quel point lire peut être formidable.
D’ailleurs comment travaillez-vous ?
Je trouve l’inspiration dans un bain de lait d’ânesse uniquement et je ne peux écrire que si on me masse délicatement les épaules, pendant ce temps. Non ! Je décooonne !
En vrai, je n’ai pas de petites manies. Juste une méthode de travail (qui marche pour l’instant, mais qui changera peut-être demain ou dans un mois !).
Je commence par prendre des notes. Longtemps. Je pense à mon histoire longtemps avant aussi.
Je fais des fiches de personnages. Je cherche des photos des lieux, pour visualiser mon décor.
Des tas de choses qui ne servent à priori à rien, mais qui vont m’aider à écrire.
Ensuite, j’écris le squelette de mon histoire. Et après tout ça, je me lance.
Et où nous mènera votre prochain roman / album ?
Je suis en train de boucler un polar, assez dense. Qui lui aussi traverse les Deux-Sèvres… et la Charente-Maritime. Comme quoi je suis fidèle à mes premières amours !
Propos recueillis par Sandrine Damie