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Emilie Fiala : les tribulations d’un chinois en Chine



Au festival du livre jeunesse du château de Coudray-Salbart, j’ai pu échanger avec Emilie Fiala dont le nouveau et très bel album « Les tribulations d’un chinois en Chine » vient tout juste d’être publié…

Vous êtes illustratrice et graphiste. Quels illustrateurs ou livres vous ont marquée quand vous étiez enfant puis adolescente ?
J’adorais lire ! et des choses vraiment très variées !

Enfant, je dévalisais la bibliothèque scolaire avec les Tom-Tom et Nana, j’adorais les histoires du Prince de Motordu, et aussi les BD. Je me souviens aussi d’un superbe pop-up que j’ai retrouvé des années après hélas tout déchiré… Petite mon père nous lisait aussi des poèmes à ma sœur et moi, un livre rouge à la couverture en velours… sans images, mais avec une puissance d’inspirations incroyable !

J’étais fascinée par des héros comme Alice au pays des Merveilles, je plonge toujours avec délice dans un autre monde ! Egalement par Mary Poppins et son génie pour transformer les choses du quotidien en des moments extraordinaires, j’adorerais avoir ce pouvoir !

Adolescente, étant en section littéraire au lycéee, j’en ai profité pour dévorer L’Œuvre ou encore Nana de Zola, Le Parfum de Süskind, Geisha d’Arthur Golden, et un peu tout ce qui me tombait sous la main, etc. Je suis revenue vers l’illustration un peu plus tard.

Comment définiriez-vous votre style ?
Je pense que chacun le ressent à sa façon… en tous cas, j’aime beaucoup mélanger la poésie à l’humour, ce qui donne des fois des choses un peu fantaisistes et même cocasses parfois. Je joue avec des couleurs pétillantes et acidulées pour créer des ambiances tendres et chaleureuses qui invitent à la rêverie (oui, je suis une grande rêveuse !). J’aime beaucoup le travail des motifs également, je suis fascinée par exemple par l’œuvre de Klimt.

J’essaie de m’amuser avant tout, en espérant partager cette bonne humeur à travers mes illustrations….

Le travail sur les yeux semble particulièrement vous plaire au vue de la galerie de portraits que l’on peut découvrir sur votre book. En avez-vous conscience ? Pourquoi ces yeux si grands et expressifs ?
Oui on me le dit souvent, et certains en me voyant me disent que je leur ressemble un peu, à mes personnages ! Je pense inconsciemment que les yeux sont une grande partie de l’expression d’un personnage, et c’est cette vérité que je cherche à saisir dans mes visages. Après tout un proverbe ne dit-il pas que les yeux sont « le miroir de l’âme » ?

Vous venez d’illustrer « les tribulations d’un chinois en Chine » aux éditions Marmaille et Compagnie. Comment est née cette collaboration ?
Nous avions déjà envie de travailler ensemble, et je leur avais envoyé quelques projets. Puis un jour, Marmaille m’a contactée pour une collection de Classiques de grands auteurs qu’ils souhaitaient développer, avec en vue : « Les Tribulations d’un Chinois en Chine » de Jules Verne.

Pouvez-vous nous résumer l’histoire ?
Pour reprendre le résumé de Marmaille et Compagnie :
Kin-Fo est riche, si riche qu’il s’ennuie, indifférent à tout. Subitement ruiné, il arrache à son ami Wang un terrible serment : qu’il le tue de sa main dans un délai de deux mois ! Voilà de quoi frissonner avant de quitter la vie.
Or Kin-Fo retrouve sa fortune. Mais Wang a disparu. Pour écarter la menace de mort qui plane sur lui, Kin-Fo se lance à sa poursuite dans un voyage extraordinaire à travers la Chine. De rebondissements en rebondissements, reprendra-t-il goût à la vie ?

Le texte de Jules Verne a été revisité par Hélène Kérillis. De votre côté, vous offrez un univers graphique coloré et tourbillonnant. Quel était le brief initial pour cette création ?
Je n’avais pas spécialement de « brief  » dans le sens où je ne l’ai pas vu comme une commande, mais vraiment comme une collaboration. L’idée était d’associer l’univers de Jules Verne au mien, cocasse et acidulé, pour un album pétillant et singulier.

C’est cette relation de confiance qui fait que je me suis sentie très libre, de la création des personnages jusqu’à la mise en page de l’album.

Quelle technique avez-vous utilisée ?
« Les Tribulations d’un chinois en Chine » est un grand Classique, j’ai donc choisi pour cet ouvrage de garder un côté traditionnel et d’y apporter un aspect moderne tout en plongeant cet album dans une ambiance typiquement chinoise.

Dans la tradition chinoise, la peinture est omniprésente : encres, aquarelles, etc. Pour ma part, j’ai opté pour la peinture acrylique, au rendu riche et coloré. J’ai choisi pour ma palette des couleurs acidulées, à la fois profondes et pétillantes pour apporter le côté décalé et moderne. J’ai retravaillé ensuite mes planches numériquement afin de les intégrer dans ma mise en page.

Au niveau du texte, la grande originalité de cet album est l’intégration d’extraits du texte original de Jules Verne, grâce à un petit médaillon où j’ai dessiné son portrait.

A-t-il été aisé de s’emparer et de proposer votre propre vision d’un texte d’un auteur si célèbre ?
J’étais honorée de mettre en images une œuvre de l’incroyable Jules Verne, d’autant qu’ici particulièrement, à Nantes, il est une vraie source d’inspiration !

C’est pour cela que j’ai voulu rester fidèle au livre et à l’esprit que Jules Verne avait voulu insuffler, tout en y apportant ma propre touche de fantaisie avec les images que j’avais en tête de mes différentes lectures. C’est pour cette raison d’ailleurs, pour l’anecdote, que j’ai préféré garder la surprise du film adapté par Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo que je n’avais pas vu.

J’ai travaillé avec humilité, je me suis imprégnée de chaque chapitre du texte original, j’ai pris des notes sur l’ambiance et les particularités des personnages, je me suis attachée à chaque détail, et tout un monde a commencé alors à se dessiner et à prendre forme dans mon imagination ! Si bien que pendant un temps je me suis sentie très proche de Jules Verne : bien qu’à plusieurs décennies d’écart, nous imaginions ensemble, lui avec sa plume et moi mes pinceaux, la même aventure et les mêmes personnages.

Vous êtes-vous particulièrement documentée sur la Chine du XIXe siècle pour vous lancer dans les illustrations ?
Oui en effet ! Inspirée par l’esprit très documentaire de Jules Verne, j’ai collecté une quantité vertigineuse d’images, livres, motifs et décors sur la Chine du 19e siècle : vêtements, rues, animaux, monuments, personnages célèbres etc. Un long travail minutieux qui s’est révélé une vraie mine d’or pour la suite ! Ne trouvez-vous pas que Wang, le grand sage de l’histoire, ressemble étrangement à Confucius, le célèbre philosophe chinois ?

Avez-vous de nouveaux projets d’albums déjà prévus ?
J’ai un album, Flanelle et les étoiles écrit par Ingrid Chabbert, que j’aimerais voir édité bientôt… Sinon j’ai de jolis textes que des auteurs m’ont confiés et pour lesquels il ne me reste plus que le temps à trouver !

Propos recueillis par Sandrine Damie

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