Aujourd’hui, je vous emmène voguer sur les mers tumultueuses de la Chine du 19e siècle avec « Rouge comme la mer« , le premier roman de Rita Chang-Eppig, publié en avril 2025 chez Eyrolles.
L’histoire en quelques mots
Chine méridionale, début des années 1800. Shek Yeung, une jeune veuve au caractère bien trempé, prend la tête d’une flotte de pirates après un drame qui la propulse au cœur du pouvoir. Pour survivre, elle doit s’imposer dans un monde d’hommes, nouer des alliances fragiles et affronter l’Empereur de Chine, bien décidé à éradiquer la piraterie avec l’appui des puissances coloniales.
Mon avis de lectrice
Inspirée d’une figure historique réelle – la légendaire pirate Ching Shih -, Shek Yeung est une héroïne partagée entre ses combats en haute mer, des rituels dédiés à la déesse Mazu et l’envie de vivre une autre vie. La piraterie, pour elle, est un paradoxe : une cage dorée où elle règne, mais au prix d’une violence constante.
Issue d’une famille pauvre, elle a connu une vie marquée par la servitude : vendue pour ses charmes sur un bateau aux fleurs (terme plutôt poétique pour désigner un bordel sur l’eau), elle épouse un célèbre pirate, l’un de ses clients, avant que celui-ci ne meure. Pour éviter de retomber dans la misère, elle se marie avec son fils adoptif (oui, oui, vous lisez bien) et prend la tête d’une flotte de pirates.
Mais Shek Yeung est déchirée : la piraterie lui offre une liberté chèrement conquise, loin des hommes qui ont cherché à l’asservir, pourtant elle rêve d’une vie paisible. Mère de deux enfants de son premier mariage, qu’elle a longtemps négligés, elle tisse un lien plus fort avec la fille née de son second mariage, éveillant en elle le désir d’une autre vie.
« Rouge comme la mer » est un roman d’aventure historique comme je les aime : intense, dépaysant et porté par une héroïne qui marque les esprits autant par son audace face aux hommes que par sa vulnérabilité. L’accent est mis plus sur la stratégie que sur les combats maritimes, et ça me va bien. Mon seul bémol : la fin de vie de Shek Yeung qui est éludée avec une référence finale à Mazu. Trop rapide à mon goût !
Et si vous souhaitez voir une longue interview de l’autrice (en anglais) lorsque le roman est sorti sous le titre initial « Deep as the Sky, Red as the Sea« , c’est par ici :
Bonne lecture !
Sandrine Damie
Rouge comme la mer
De Rita Chang Eppig
Eyrolles Romans
21,90 euros / version numérique : 14,99 euros
