Un livre dans ma valise Premières lectures,Témoignages Cécile Alix, auteur de l’album « L’ours et la lune »

Cécile Alix, auteur de l’album « L’ours et la lune »


Grand Nord - livres pour enfants

C’est un échange plein de douceur que je vous propose de découvrir : Cécile Alix évoque la création de son nouvel album jeunesse avec Antoine Guilloppé.

Comment est né le projet du livre « L’ours et la lune » ?

Il s’agit d’une commande des Editions de l’Elan vert qui m’ont proposé d’écrire un album pour leur collection « Pont des Arts », avec l’Ours blanc de François Pompon comme guide d’ouvrage. Je n’ai pas ressenti de contrainte, mais une invitation à mêler une histoire à une œuvre et à son créateur. J’ai surtout cherché à relier mon texte et l’univers de François Pompon. À comprendre ce sculpteur pour écrire un livre qui s’approche de lui-même et de sa démarche artistique. Ceci sans prétention, bien sûr.

Avant de vous lancer dans le projet, quel regard portiez-vous sur la sculpture de l’Ours de François Pompon ? 

Petite, j’adorais le nom de ce sculpteur ! Et ma mère sculptait des oiseaux en prenant pour modèle ceux de Pompon… Elle m’inspirait déjà la banquise, les aurores boréales, un monde paisible, proche de la nature, intense de vérité… empli d’essences de vie. Le silence, aussi.

Grand Nord - livres pour enfantsComment vous êtes-vous approprié l’univers du sculpteur Pompon pour nous offrir cette version illustrée de l’ours ?

Quand les Editions de l’Elan vert m’ont demandé d’écrire une histoire en relation avec l’Ours Blanc de Pompon, je suis allée de nouveau l’admirer au musée d’Orsay (mon musée parisien préféré !). C’est en le regardant de près que j’ai eu l’idée du début de l’histoire. Au bout de son museau dressé, j’ai vu la lune ! Ils se ressemblent : lui, rond dans son immense blanc terrestre, elle, ronde dans son immense nuit céleste.

La pierre de la sculpture est froide, l’ours est d’une blancheur uniforme et pourtant, on perçoit la chaleur de sa fourrure, son épaisseur… Il est rond, lisse, on a envie de le caresser… on imagine son cœur qui bat. L’animal est vivant !  Le sculpteur l’a réalisé grandeur nature, sa silhouette puissante nous domine mais tout est relatif ! Si on place cet ours gigantesque sur l’immensité d’une banquise, il n’est plus qu’un point blanc sur un tableau blanc… Massif et invulnérable face à l’homme, fragile au creux du monde…

J’ai également été visiter les musées de Dijon et de Saulieu où se trouve de très belles collections d’œuvres de François Pompon… J’ai imaginé un tour du monde de l’ours et de la lune… En Polynésie, ils rencontrent la baleine… la panthère noire en Indonésie, Le dromadaire au Maroc, le pigeon à Paris et le grand cerf au Canada ! La plupart de ces animaux ont été sculptés par Pompon !

Votre texte chante, on dirait de la poésie. Est-ce un style qui vous attire ?

Je suis attachée à la langue française, à sa richesse, à la diversité du vocabulaire. Je trouve réjouissant de faire chanter les mots, de jouer avec leurs sonorités. J’essaie de donner à entendre et à ressentir autant qu’à lire… la nature se prête à la poésie. J’aime en parsemer ma vie… La musique d’un texte est d’autant plus important en littérature jeunesse, qu’il est très souvent lu à haute voix… j’écris d’ailleurs « en parlant » (voire en chantant … mais quand il n’y a personne à proximité !) Et chaque jour je lis un peu Aragon, Prévert, Hugo, Queneau… d’autres encore !

La poésie, c’est regarder, entendre, toucher, goûter, respirer, ressentir et le transmettre grâce à des mots. C’est le langage des sens.

Que connaissiez-vous de ce Grand Nord pour vous lancer dans cet album ?

Quand j’avais une dizaine d’années, j’ai découvert les récits de Paul-Emile Victor (toujours grâce à ma mère). J’ai lu tous les livres de cet extraordinaire explorateur du grand Nord ! J’ai voyagé avec lui en pensée dans les contrées polaires où il a habité de nombreuses années. L’Ours Blanc de Pompon m’a toujours évoqué le Groenland. C’est là tout l’art du sculpteur qui parvient à nous transporter dans un univers glacé, pur, silencieux.

Comment avez-vous travaillé avec Antoine Guilloppé, l’illustrateur, pour offrir une vision commune du Grand Nord ?

Ce sont les éditrices qui ont fait le choix de l’illustrateur Antoine Guilloppé après avoir lu mon texte et je suis touchée de la manière dont il a interprété le voyage de l’ours et de la lune, je trouve que nos deux « voix » s’accordent bien… Nous ne nous sommes jamais rencontrés et n’avons pas échangé durant son travail sur l’album… en revanche, nous allons dédicacer le livre ensemble au salon du livre jeunesse de Montreuil le 30 novembre et nous en sommes ravis !

Le rendu de la nuit est particulièrement poétique grâce au le talent d’Antoine Guilloppé. Quel regard portez-vous sur ses illustrations ?

Antoine travaille lumineusement le monde de la nuit et ses animaux, ses paysages se transforment : tout est à la fois plus mystérieux et curieusement limpide, comme les sculptures de Pompon : dépouillé du superflu et d’une douce poésie…

Je suis très sensible aux sons de la nuit… les pas, les souffles, les craquements, les frôlements, les petits riens de tout ! Le jour on entend la vie, la nuit, on écoute les détails. Et je trouve que tous ces sons, on les entend dans les illustrations d’Antoine : le saut de la gerboise dans le désert, de la pluie sur les toits de la ville, des lianes qui se balancent dans la forêt d’Asie… le souffle du grand cerf…

Une version numérique du livre a été développée. Que pensez-vous de cette expérience apportant du son et des animations à vos textes et aux illustrations initiales ?

Je suis une grande liseuse de livres de papier ! Mais j’ai été agréablement surprise par la version numérique : la voix profonde et sincère du comédien François Hatt convient parfaitement au texte, les « sons » de la nature ajoutent de la poésie aux paysages, aux animaux… On peut déplacer la lune dans l’illustration, alors naissent les sons et les lieux – ou les personnages – s’animent, (on entend le cri des animaux, le bruit de la banquise qui craque, du vent dans le désert et il y a même un orage qui éclate avec des éclairs sur la ville !) : je me suis bien amusée !

Le livre numérique possède également une police de caractères adaptée aux personnes dyslexiques.

Avez-vous d’autres projets dans cette même collection pour les enfants ? Ou d’autres projets jeunesse en 2015 ?

Oui, un autre projet se dessine pour la collection Pont des Arts… un univers complètement différent, tout autant fascinant, mais c’est encore un secret…

Pour 2015 : Ma version du  Petit chaperon rouge sortira en début d’année aux éditions de l’Elan vert, les dessins seront signés Anne Crahay, ils sont sublimes d’inventivité ! D’autres albums sortiront chez ce même éditeur en 2015…

En février, paraîtra également aux éditions Yomad, « Le panier d’osier », l’histoire d’un enfant qui n’aime pas l’école, très poétiquement illustré par Oreli Gouel.

Deux romans sont prévus chez Magnard, « Super menteur » et « La mémé du chevalier »…

Je suis en train d’écrire un livre de jeux de relaxation pour les enfants de maternelle et de primaire qui paraîtra chez Retz…

Je travaille aussi sur des légendes Tziganes, la Grande Guerre, le peuple inuit qui feront l’objet de livres édités à la rentrée de septembe 2015… quelques historiettes pour la presse jeunesse et beaucoup d’écriture théâtrale pour les jeunes comédiens de mes ateliers… J’aime écrire de tout sur tout !

Propos recueillis par Sandrine Damie

Antoine Guilloppé - l'ours et la lune

Blog de Cécile Alix : http://homoscribanus.blogspot.fr/

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