Dans le roman « Le peuple du chemin » de Marion Achard, vous allez suivre Daboka, une jeune fille d’une tribu autochtone en Amazonie, dont la vie bascule lorsque sa communauté va devoir faire face aux bulldozers…
Que raconte « Le peuple du chemin » de Marion Achard
Voici le texte de la 4e de couverture : « Dans la forêt amazonienne, une tribu indigène croise la route des bulldozers d’une compagnie de déforestation. Les hommes de la compagnie massacrent la tribu à l’exception de deux sœurs, Loca et Daboka, épargnées et recueillies dans un village. Si Loca, la plus jeune, s’adapte à cette nouvelle vie, l’aînée n’a qu’une idée en tête, rejoindre la forêt pour retrouver une tribu cousine et reprendre sa liberté et sa vie. »
Mon avis de lectrice sur ce roman engagé
Publié en 2017 par les éditions Talents Hauts (et soutenu par Amnesty International), « Le Peuple du chemin » de Marion Achard est un cri d’alarme pour mettre en garde sur l’avenir de l’humanité et de la planète. Sélectionné en 2022 dans le club de lecture des Objectifs de développement durable de l’ONU, ce roman jeunesse s’adresse aux jeunes lecteurs dès 11 ans, mais son message universel interpelle tout autant les adultes.
À travers l’histoire de Daboka, une jeune fille issue d’une tribu amazonienne, l’autrice explore avec finesse les ravages de la modernité sur les peuples autochtones et leur environnement, tout en posant une question essentielle : quel chemin l’humanité choisit-elle d’emprunter ?
L’histoire suit Daboka et sa sœur, seules survivantes d’un massacre qui décime leur tribu qui jusque là vivait en symbiose avec la forêt amazonienne. Chassées par la violence et la déforestation, elles se retrouvent propulsées dans un monde dit « moderne », un univers qui leur est totalement étranger. Ce contraste brutal entre leur mode de vie ancestral, ancré dans le respect de la nature, et une société dominée par l’exploitation et l’individualisme est au cœur du récit. Une phrase de Daboka, criante de vérité, résume l’enjeu du roman : « Pourquoi les hommes du grand village pensent savoir à ma place ce qui est bon pour moi ? » Cette interrogation, à la fois simple et profonde, met en lumière l’arrogance d’une modernité qui impose ses valeurs au mépris des cultures autochtones, annihilant leur identité et leur lien sacré avec la terre.
Marion Achard excelle à tisser un récit à la fois intime et universel. L’histoire de Daboka n’est pas seulement celle d’une adolescente confrontée à la perte et à l’exil, mais aussi celle des quelque quatre-vingts groupes isolés survivant encore en Amazonie, parfois réduits à quelques dizaines d’individus. Ce chiffre, aussi fragile qu’alarmant, souligne l’urgence de la situation : jusqu’à quand ces peuples pourront-ils résister à l’avancée inexorable de la déforestation et de l’acculturation ? En donnant une voix à Daboka, l’autrice humanise ces communautés souvent reléguées à des statistiques, rendant palpable leur lutte pour la survie.
Bien plus qu’un décor, la forêt amazonienne apparaît comme un personnage à part entière, vibrant et menacé, dont la disparition symbolise la perte d’un équilibre millénaire. Ce lien viscéral entre les peuples autochtones et leur environnement invite le lecteur à questionner sa propre relation à la nature et à réfléchir aux conséquences de la surconsommation.
Un roman engagé à ne pas louper.
Sandrine Damie
« Le peuple du chemin »
De Marion Achard
Éditions Talents Hauts
13,50 €
