Ada BlackJack, Inuite, n’avait rien d’une aventurière, mais pour gagner de l’argent, elle se joint à un quatuor d’explorateurs en partance pour l’île Wrangel en 1923, au large de la Sibérie. Le début d’un périple en Arctique dont elle sera la seule survivante.
Que raconte Ada Blackjack ?
Voici la présentation de la maison d’édition : « En 1923, l’explorateur canadien Vilhjalmur Stefansson envoie quatre jeunes hommes en Arctique. L’objectif : coloniser Wrangel, une île désolée, aux confins de l’Amérique et de la Russie. Pour compléter l’équipe, il embauche une Inuite de vingt-trois ans, mère célibataire d’un enfant malade, qui voit là l’unique issue pour soigner son fils. Ada Blackjack doit cuisiner et ravauder les vêtements ainsi que le matériel des explorateurs – rôle essentiel dans ces contrées glaciales. Mais une fois sur l’île, la situation vire au cauchemar : la nourriture manque et le froid se fait plus assassin que jamais. Les plus confiants se mettent à douter, les plus vigoureux s’affaiblissent. Bientôt, Ada se retrouve seule. Abandonnée. Comment va-t-elle survivre dans un environnement aussi hostile ? Ada Blackjack est la fascinante aventure d’une femme au courage et à la ténacité hors du commun, reconnue tardivement comme « héroïne de l’Arctique ».

Mon avis sur ce récit au coeur de l’Arctique
« Ada Blackjack, survivante de l’Arctique » de Jennifer Niven est peut-être le premier récit d’une exploration en Arctique que je lis qui n’est pas à la gloire des aventuriers. On est loin de l’épopée avec ses valeureux hommes qui bravent avec quelques chiens les conditions extrêmes d’un petit coin de terre au large de la Sibérie.
D’entrée de jeu, vous connaissez la fin de l’histoire : Ada sera la seule à se sortir des terres gelées et inhospitalières de cette île de l’Arctique. Et ce n’est pas une fiction, mais bien ce qu’on vécu ce petit groupe de jeunes explorateurs inexpérimentés et non préparés (un seul a une expérience en Arctique). Ils ont tous cru à la découverte du « friendly Arctic », vendu par l’instigateur du projet, Vilhjalmur Stefansson, explorateur (quelle crapule !).
Le récit chronologique se découpe en six phases : les cinq, Wrangel, survie, le sauvetage, les retombées, souvenirs. Pour chacune, le travail minutieux de l’autrice dans les archives disponibles (journaux de bord et articles de presse) redonne vie de l’intérieur à ce fiasco aventurier. Avec le recul, on se dit que rien n’allait dans les préparatifs, dans la promesse de Stefansson, dans l’organisation des secours, etc.
Rien n’est laissé sous silence : les manigances politiques derrière l’expédition, les tensions comme la solidarité dans le camp sur l’île, la faim, la foi profonde d’Ada, les inquiétudes des familles, etc.
Puis arrive ce point de bascule où Ada va passer d’héroïne à femme de tous les maux. Le traitement médiatique, les mensonges des commanditaires de l’expédition, tout est écœurant. Et l’on se dit que même sans les réseaux sociaux, la vindicte populaire était déjà en ordre de marche. À aucun moment après son retour, Ada ne connaîtra le repos. Toute sa vie, elle aura eu à lutter pour subvenir à ses besoins, à ceux de ses enfants, restant toujours digne malgré tous les coups durs qu’elle aura traversés.
Je ne vous dévoile rien de ce qui se passe sur l’île, ni après. À vous de suivre les pas d’Ada sous la plume de Jennifer Niven.
Et si vous voulez quelques images et un court documentaire sur sa vie, je vous conseille cette vidéo :
Vous voulez faire découvrir Ada Blackjack à votre enfant ? Super idée ! L’album « Celle qui savait se débrouiller toute seule » (d’Alexis Jenni et Lucile Birbara – Paulsen jeunesse) raconte son histoire pour les plus jeunes.
J’ai adoré !
Sandrine Damie
Ada Blackjack, survivante de l’Arctique
De Jennifer Niven
Éditions Paulsen
11,90 euros



