Dans le roman « Le harem du roi » de Djaïli Amadou Amal, l’autrice évoque la vie des femmes dans une chefferie au Cameroun. Elle y dresse un portrait sans concession d’une société traditionnelle et patriarcale, toujours d’actualité.
C’est en flânant dans la médiathèque de ma commune que je suis tombée sur ce regard qui m’a interpelée : cette femme avait quelque chose à me dire ! Saviez-vous qu’il existait encore aujourd’hui des harems en activité ? Je le découvre avec ce roman.
Que raconte « Le harem du roi » ?
La 4e de couverture a retenu toute mon attention : « Quand l’ambition et la tradition tuent l’amour…
Boussoura et Seini forment un couple moderne qui vit à Yaoundé. Il est médecin, elle est professeure de littérature. Une famille épanouie jusqu’au jour où tout bascule quand Seini est rattrapé par son passé. Fils de roi, il est appelé à prendre la succession. Malgré les réserves de son épouse, l’attrait du pouvoir est le plus fort. Devenu lamido, commandeur des croyants et garant des traditions et de la religion, il se transforme en roi tout-puissant.«
Djaïli Amadou Amal a remporté le prix Goncourt des lycéens pour Les Impatientes (Emmanuelle Collas, 2020).
Mon avis sur ce roman « Le harem du roi »
Jusqu’à la lecture de ce roman, je pensais que les harems étaient de l’ordre du passé, et je découvre avec effroi qu’il en existe encore dans les chefferies, au Cameroun, notamment. L’autrice nous plonge dans cet univers codifié par les traditions et l’islam et qui n’a pas bougé depuis plus de 200 ans.
Ainsi, quand Seini, médecin et mari de Boussoura, professeur de littérature, est élu au début des années 2010 pour prendre la place du lamido (souverain local) qui vient de mourir, leur vie va être complètement bouleversée. Comment passer d’un quotidien ancré dans la modernité à celui d’un temps qui semble révolu ? Boussoura veut y croire, son mari est aussi persuadé que c’est un privilège à accepter (lui qui est né de cette lignée de princes), quoi qu’il en coûte. Et autant vous dire que l’amour, le renoncement, les sacrifices et les désillusions vont se compter à la pelle !
Dans son récit du quotidien du harem, centré sur la vie des femmes qui y vivent, l’autrice ne juge jamais mais délivre la vision de chacune sur sa vie, ses aspirations, ses obligations alors qu’elles sont complètement invisibles dans le royaume. Bien évidemment, Boussoura est au cœur de l’histoire. Il est question ici de polygamie et d’esclavage, au nom des traditions et de la religion. Que peut-on accepter en tant que femme ? Comment faire évoluer ce système servile ? C’est le fil rouge de ce roman terriblement touchant.
Un coup de coeur !
Sandrine Damie
Le harem du roi
De Djaïli Amadou Amal
Éditions Emmanuelle Collas
21,90 euros
