Le roman « La sorcière de Limbricht » de Susan Smit est une biographie romancée d’une paysanne hollandaise accusée de sorcellerie dans la 2e moitié du 17e siècle aux Pays-Bas. Un féminicide orchestré par le Seigneur et l’Eglise locale décrit avec minutie, dans un monde paysan peu enclin aux changements de mentalité.
Aujourd’hui le domaine de Limbricht aux Pays-Bas accueille des fêtes de mariage et autres évènements festifs. Mais qui se souvient que dans le cachot, des femmes ont été torturées car elles auraient été à l’origine de maux divers sur les animaux et certains de leurs voisins ? Les accusations de sorcellerie sont ici de simples commérages pour des maladies survenues parfois après l’emprisonnement de la dite « sorcière » qui aurait agi à distance. Ce roman dresse un portrait glaçant du monde paysan aux Pays-Bas au 17e siècle.
Ecrivaine et journaliste néerlandaise, Susanne Smit se passionne depuis de nombreuses années pour l’histoire de la sorcellerie. Elle a fait de nombreuses recherches sur ce qu’elle considère aujourd’hui comme une pratique spirituelle et une religion de la nature. Son premier roman traduit en français, La Sorcière de Limbricht, est un best-seller aux Pays-Bas.
De quoi parle ce roman ?
« Aujourd’hui, le 10 juillet 1674, par ordre du bailli et des échevins de Limbricht, vous êtes arrêtée pour suspicion de sorcellerie ou magie noire. » Enfermée sans plus d’explications, Entgen Luijten ne peut compter que sur elle-même : elle n’a plus de famille et sait que personne ne se lamente sur son sort. Parce qu’elle préfère se rendre au bois qu’à l’église, parce qu’elle connaît le pouvoir des plantes qui soignent, parce qu’elle est un peu trop libre, elle a toujours fait jaser dans son village reculé de la campagne néerlandaise.
Dans l’attente de son procès, la voilà réduite à compter les jours dans l’étroit et glacial cachot du baron Van Breyll qui est prêt à tout pour obtenir des aveux spectaculaires. Mais malgré les fenêtres étriquées de sa cellule, Entgen se souvient des premières lueurs de l’aube qui embrasent l’horizon et de la lande qu’elle parcourait en compagnie des siens. Et si elle respecte la puissance de la nature, elle ne se soumettra pas à l’autorité du châtelain et compte bien faire entendre sa voix. Même si cela doit être la dernière fois. Inspiré de faits réels, La Sorcière de Limbricht offre une fascinante réécriture féministe de la chasse aux sorcières, portée par une plume puissante et sensorielle. »
Mon avis sur « la sorcière de Limbricht »
Alors que la « chasse aux sorcières » a été interdite officiellement par le Pape dès 1636, les pratiques de l’Inquisition perdurent dans certains coins d’Europe dans la deuxième moitié du 17e siècle. Ce roman de Susan Smit fait œuvre de mémoire en s’appuyant sur l’histoire d’Entgen Luijten, paysanne du comté du château de Limbricht aux Pays-Bas.
Alors que veuve, elle vit paisiblement des fruits d’un lopin de terre en soulageant parfois les voisins par quelques plantes médicinales, Entgen est arrêtée pour sorcellerie. Le roman la suit dans son cachot dans le sous-sol du château. Débute alors la narration de sa vie, simple, à l’écoute de la nature avec l’envie d’aider son prochain. Ce parcours de vie rappelle combien de femmes, à l’esprit libre, ne croyant ni en Dieu ni à la magie, ont vu leur vie sacrifier car trop indociles pour les hommes de l’époque.
Chaque chapitre est l’occasion de décrire la vie à la campagne aux Pays-Bas au 17e siècle. Le quotidien des paysans, la Seigneurie et l’Eglise qui font marcher au pas leur communauté. Les révoltes étouffées par les armes, la place des femmes, l’émancipation en question, la diffamation… autant de sujets de réflexion abordés dans cette biographie romancée.
A noter : « La sorcière de Limbricht » est le premier roman de la nouvelle collection « Les ailleurs » des éditions Charleston.
Bonne lecture,
Sandrine Damie
La sorcière de Limbricht
De Susan Smit
Editions Charleston
22,90 €
