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Maroc : donner le goût des livres aux enfants


Maroc - livres pour enfants

Nadia Essalmi, éditrice de livres pour enfants au Maroc, partage avec nous son challenge de développer la lecture au Maroc et de faire vivre les contes marocains..

Vous êtes éditrice au Maroc et avez fondé Yomad Editions. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’édition de livres pour enfants ?
J’ai développé un intérêt pour la lecture depuis que je suis enfant. Je rêvais même de devenir écrivain ! Le hasard a fait que j’ai travaillé dans une maison d’édition en tant que correctrice et j’ai attrapé le virus. J’ai débuté dans l’édition avec l’idée de créer ma propre maison plus tard. J’ai ensuite été responsable de rédaction d’une revue culturelle éditée par l’association marocaine des professionnels du livre. Cette activité m’a permis de nouer des contacts très utiles avec de nombreux professionnels du livre aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. Au salon du livre de Paris, en 1998, le public venait réclamer des livres marocains pour enfants sur le stand marocain, aucun titre n’existait alors. Ce fut le déclic, et j’ai pensé à créer ma propre maison d’édition, mais spécialisée dans de livre pour enfants.

Que signifie le nom de votre maison d’édition ?
Le nom ne signifie absolument rien. Je ne voulais pas donner un référent au nom. C’est un nom qui fait rêver et cela me va parfaitement.

Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Mes thèmes de prédilection figurent dans les collections « Raconte-moi l’Histoire » et « Contes du Maroc ». La transcription des contes, qui constituent un trésor inestimable, constitue pour moi une priorité. Notre patrimoine oral doit être sauvegardé, afin de ne pas le perdre. La génération qui détient ce trésor est assez âgée et il serait dommage que les contes d’éteignent avec elle.

Pouvez-vous nous présenter votre collection « Contes du Maroc » ?
C’est une collection qui regroupe des figures historiques faisant partie du monde arabe. Je tiens à les faire connaître aux petits Marocains et aux non Marocains, car malheureusement, il n’y a presque rien sur la culture arabe à l’endroit des enfants. Ce sont des romans historiques, mais romancés pour les faire aimer aux enfants. La Kahina, reine des Berbères, Abdelkrim, le héros du Rif, Saladin, Les fabuleux voyages d’Ibn Battouta.

En quelles langues publiez-vous vos albums et pourquoi ce choix ?
Je publie plutôt en français. Un peu moins en arabe. Un seul titre en amazigh. La couche sociale qui a un peu de moyens envoie ses enfants dans les écoles privées, là où la langue française est enseignée au même titre que l’arabe. Notre lectorat fait donc partie de cette catégorie. C’est pourquoi les livres publiés en français se vendent mieux.

Comment se porte la littérature jeunesse au Maroc ?
C’est un secteur qui est très jeune. Il date de 1998 avec la naissance de Yomad. Il fait ses premiers pas doucement, mais sûrement. Il se développe timidement par manque de moyens. Disons que nous publions très peu de livres par an. C’est un secteur vierge. Tout à faire. Nous mettons toute notre énergie à faire évoluer le livre jeunesse au Maroc.

Vous avez lancé « Lire pour grandir » au Maroc. Pouvez-vous nous présenter la philosophie de cette initiative ?
Comme son nom l’indique, « Lire pour grandir » a pour objectif de faire grandir les enfants en les attirant vers le livre et surtout installer une tradition de lecture. Je veux que les enfants s’habituent au livre. L’activité se déroule chaque dimanche à la Bibliothèque nationale de Rabat, de 11 h à 13 h. Je reçois à peu près 150 à 200 personnes. C’est un exploit, pour un pays où le lectorat est très faible. J’invite de temps en autre, un écrivain, un conteur ou un comédien pour animer des séances de lecture.

Avec Lire pour grandir, mon objectif est d’aller à la source, et la source, c’est l’enfant. Il faut préparer des générations de lecteurs. Vous imaginez que si tous les dimanches matin, devient pour l’enfant un rendez-vous hebdomadaire avec le livre et la lecture, j’aurais relevé un défi extraordinaire. Je tiens également à préciser que l’entrée est libre, sans inscription, sans engagement et c’est gratuit. C’est plus un moment d’échange, de partage et de plaisir.

Quelles actions menez-vous sur le terrain pour donner accès à la lecture aux enfants ?
Lire pour grandir est une des actions. Je vais également dans les écoles à la rencontre des enfants pour semer des graines afin que la lecture transmettre l’amour du livre.

Pour une première approche de la culture marocaine, quel album de votre catalogue recommanderiez-vous particulièrement aux jeunes enfants français ?
Il m’est très difficile de répondre à votre question. Est-ce qu’une maman peut préférer un de ses enfants à d’autres. Je les aime tous, car choisis par amour.

Propos recueillis par Sandrine Damie

A découvrir : le panier d’osier de Cécile Alix (Yomad Editions)

4 thoughts on “Maroc : donner le goût des livres aux enfants”

  1. Grand courage, belle détermination , route longue et accidentée, prometteuse parce que JEUNE. Mes encouragements.

  2. Contente,heureuse de voir des soeurs marocaines réussir dans un domaine dans lequel je voulais m’investir…….

    Bravo et Bon vent ! Hania d’Alger

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