Un livre dans ma valise Témoignages,Tour du monde Parcourir le monde : Mickaël El Fathi, auteur, illustrateur, voyageur

Parcourir le monde : Mickaël El Fathi, auteur, illustrateur, voyageur


Littérature jeunesse et voyage

Ce jeune auteur fait un lien entre la marche qu’il pratique assidûment et la créativité. Zoom sur les premiers pas de Mickaël El Fathi en tant qu’auteur et illustrateur.

Littérature jeunesse et voyage : Mickaël El FathiPouvez-vous nous faire une courte autobiographie ?
J’ai passé mon enfance entre la Bretagne et le Maroc. Mes études en cinéma d’animation m’ont par la suite amené à vivre longtemps à Paris. Peut-être un peu trop, si bien que l’appel du large s’est fait sentir. J’ai quitté mon travail d’alors (graphiste 2D-3D) et commencé à parcourir le monde. Il y a un an, j’ai finalement choisi de me sédentariser dans le sud-ouest où la nature est si belle qu’elle donne envie au voyageur de rester.

Vos 2 premiers albums jeunesse sont publiés ce mois-ci (septembre 2014). Cela fait de vous « officiellement » un auteur et un illustrateur… Quel effet, cela vous fait de voir ces projets prendre leur envol ?
Je me suis lancé dans la littérature jeunesse il y a un peu plus d’un an avec la ferme intention de voir mes projets se réaliser. Pourtant, voir mon nom un jour dans une librairie me paraissait encore irréel. Ce happy end me conforte dans l’idée que mon choix de rentrer dans le monde de l’édition jeunesse n’était pas le plus mauvais et me donne envie de continuer.

A quoi ressemblent vos journées depuis que vous avez décidé de devenir auteur/illustrateur ?
Je me lève tôt, prépare le petit-déjeuner à ma compagne qui s’en va travailler et me mets à l’ouvrage pour le reste de la journée. J’oscille entre la peinture, le travail numérique et l’écriture, selon mes envies ou les priorités. Chaque midi, je visionne un documentaire. Cela va du calmar géant à l’industrie du plastique, en passant par le chat de Schrödinger, auquel je n’ai d’ailleurs, toujours rien compris ! Et bien sûr, quand la houle m’y invite, je pars la rejoindre sur les vagues de Biarritz !

Quelle place accordez-vous au dessin / à l’illustration dans votre quotidien ?
Je dessine/peins chaque jour, soit pour mes projets éditoriaux en cours, soit pour les commandes de peintures auxquelles je réponds.

Je passe aussi beaucoup de temps devant mon ordinateur, m’amusant de plus en plus au collage numérique, comme dans mon premier album, « Mo-Mo ».

Et parce que la création a besoin de nourriture, je lui fais manger ses 5 fruits et légumes par jour, en visionnant des films, des photos, des peintures, ou simplement la mer…

Concernant l’écriture, comment avez-vous eu le « déclic » ?
J’ai toujours écrit, sans jamais m’investir, sans jamais être fier de mes résultats. Il aura fallu 2 000 kilomètres de marche en solitaire pour découvrir ce sentiment au fond de ma toile de tente.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire et illustrer « Moi, quand je serai grand, je serai voyageur ! »  ?
Ce livre possède une genèse particulière. Je ne l’ai pas écrit. Je l’ai d’abord scandé. Au cours de ma traversée de la Mongolie à pied, seul au milieu de rien, j’ai récité ces mots cent fois par jour, en marchant, jusqu’à ce que la mélodie et le sens me conviennent. Le soir venu, à la lueur d’un feu de bouse, je déposais dans mon carnet les vers que j’avais entonnés toute la journée.

Ce que je voyais de mes propres yeux à longueur de journée était si beau que j’ai eu envie de le partager. D’essayer d’éveiller chez les plus petits un début de curiosité face au spectacle que la nature nous offre, pour la modique somme de 0 €.

Avez-vous d’abord posé les mots ou avez-vous écrit à partir d’un premier dessin ?
Les dessins ne sont venus que plus tard, au cours d’une année de vie en Nouvelle-Zélande. Je travaillais dur la journée dans les chantiers de construction de Christchurch, ville ravagée par les tremblements de terre, et peignais ces illustrations le soir chez Claudine, une dame comme on en trouve que dans les livres pour enfants !

Si le texte du livre a nourri mon voyage en Mongolie, les illustrations ont facilité mon retour vers la « vie réelle », en France. Car c’est bien là, le plus ardu moment des voyage… le retour !

Vous êtes également un amateur de marche. Quel lien faites-vous entre la marche et la création ?
Quand on marche seul et longtemps (de plusieurs semaines à plusieurs mois), on devient un peu fou, il faut bien l’avouer !

On ne parle à personne, on souffre physiquement et le corps finit par devenir autonome. C’est lui qui marche, évite les trous, s’appuie sur une racine, ce n’est plus nous. On est trop occupé à se réfugier dans ses pensées. On dissèque le passé, on se purifie, on imagine, on se jette sur n’importe quelle idée et on en brode un tapis. C’est une sorte de méditation active. Dans L’ivresse de la marche, Emeric Fisset, l’évoque très bien.

En Mongolie, ce livre du voyageur a imposé à mes pas le rythme lancinant des alexandrins et nourri mon âme durant presque trois mois de souffrance physique et d’émerveillement. Il a rempli le vide du désert de Gobi.

Je vais d’ailleurs  traiter ce thème lors d’une intervention aux Cafés de l’Aventure, le 2 décembre à Paris.

Avez-vous déjà en tête le sujet de votre prochain album… ou partez-vous pour un nouveau périple à pieds ?
Les deux bien sûr !  Il y a des années, j’avais été le témoin d’un spectacle majestueux. Les montagnes marocaines que je connaissais arides, ternes et sans un poil sur le caillou, avaient jailli au printemps dans une explosion de vie et de couleurs.

Le pouvoir de l’eau m’avait paru alors surnaturel, miraculeux. C’est le thème abordé dans mon prochain livre.

J’envisage aussi prochainement une traversée des Pyrénées, moins exotiques que les steppes sibériennes ou les hauts plateaux d’Arménie, mais qui sont devenues pour ma compagne et moi une source d’émerveillement continue. Entre les acrobaties des isards, la grâce du vautour fauve et le popotin des marmottes qui se trémoussent, on ne devrait pas trop s’ennuyer.

A quand un album jeunesse autour de votre passion de la randonnée ?
La marche m’a beaucoup sensibilisé, il est vrai, à la fragilité de notre environnement et il me plairait d’associer ces deux sujets. La marche donne envie de sauvegarder ce qui nous entoure, ce qui n’est pas la pire idée à transmettre.

Mais reste encore à trouver les mots ! Comme le découvre Mo-Mo, le héros de mon premier livre, il est parfois long et difficile le chemin qui mène à ses propres mots ! 😉

Propos recueillis par Sandrine Damie

2 thoughts on “Parcourir le monde : Mickaël El Fathi, auteur, illustrateur, voyageur”

  1. Totalement à la hauteur du personnage, les mots il les trouve pour décrire ce que l’on peut ressentir en voyage ; de l’émerveillement mais aussi parfois de la souffrance. Merci pour cet article ! 🙂

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