Un livre dans ma valise Asie,Témoignages Geneviève Clastres, auteure passionnée par l’Asie

Geneviève Clastres, auteure passionnée par l’Asie


Littérature jeunesse et voyage : Asie

genevieve_clastresGuide conférencière, journaliste, auteure de guides de voyage, interprète d’un dessinateur chinois, Geneviève Clastres a autant de casquettes pro à son actif que d’envies de voyages ! Spécialiste de l’Asie et de la Chine en particulier, elle partage son expérience de ses destinations fétiches à travers différents ouvrages pour la jeunesse.

Dans la collection « Le journal d’un enfant » chez Gallimard Jeunesse, vous avez signé deux ouvrages « Aujourd’hui au Japon » et « Aujourd’hui en Chine »(pour les 8/12 ans). Comment est née cette collaboration ?

J’avais depuis longtemps l’envie d’écrire pour les plus jeunes mais il n’est pas toujours facile de faire ses premiers pas dans une maison d’édition. Là, ces premiers pas ont été facilités par ma sœur Hélène qui, travaillant à l’époque chez Gallimard Jeunesse, avait eu vent d’un projet Chine où la Maison d’édition cherchait un auteur. Elle m’a donc introduit auprès de Jeanne, qui est devenu mon éditrice sur « Aujourd’hui en Chine », puis une amie, et nous avons continué notre collaboration avec « Aujourd’hui au Japon » puis « Le Goût des Voyages« .

Au sein de chaque ouvrage, nous découvrons un dépliant panoramique dans lequel l’enfant peut se plonger. Pourquoi ce changement de format au cœur du livre ?

L’idée de la collection « Le Journal d’un Enfant” est de mêler la narration (un enfant raconte son histoire sur un an) – et le documentaire, qui est traité en regard de la narration, via des cabochons documentaires, des rabats et des dépliants. C’est donc un parti pris de l’éditeur et de la collection auquel l’auteur doit se soumettre. Le plus difficile, dans ce découpage, est de faire émerger différents thèmes documentaires double par double, en lien avec l’histoire racontée. L’auteur doit donc énormément structurer la narration mais cela peut donner des histoires très riches et toujours très documentées. Par exemple, pour Lanhua, même si j’avais la contrainte du documentaire, je me suis laissée totalement porter par l’histoire, qui m’est venue presque naturellement. Et je pense qu’à travers l’histoire, les enfants apprennent aussi énormément de choses sur la Chine.

Comment donnez-vous vie à chacun de vos personnages ?

J’ai deux garçons bien réels, alors j’ai choisi de faire naitre deux filles de papier, déjà par clin d’œil à mon histoire, mais aussi parce qu’il me semblait intéressant, pour la Chine et le Japon, d’avoir des personnalités féminines, souvent plus fines et plus sensibles et qui doivent composer avec des sociétés pas toujours tendres avec la gente féminine. Pour Lanhua, la jeune chinoise, j’ai eu envie de la faire vivre et mettant en exergue la question des racines, puisque sa maison est menacée de destruction. C’était pour moi une façon d’aborder ce thème fort de la Chine, mais aussi, de confronter une personnalité enjouée et vivante comme j’ai imaginé Lanhua. Keiko est plus cérébrale, c’est déjà presque une militante, avec des doutes, des interrogations de jeune fille, mais aussi avec une certaine vision de la femme et du futur. C’était pour moi l’occasion de faire un petit pied de nez à un Japon que j’ai trouvé quelque peu machiste, même si sous bien d’autres aspects, je me suis fortement attachée à ce pays.

aujourdhui-japonDans « Aujourd’hui au Japon », nous suivons les aventures de Keiko et découvrons ainsi quelques-unes des habitudes quotidiennes des Japonais. Est-ce un livre qui se nourrit de vos propres souvenirs de la vie sur place ou d’une recherche documentaire approfondie ?

Les deux. J’ai eu l’occasion de travailler et d’enquêter sur le Japon lors de la création d’un guide Michelin Japon.  J’ai passé deux mois sur place, pas mal bougé, rencontré bien des des personnes. Ce fut une première approche. Par la suite, j’ai à nouveau travaillé sur le Japon toujours pour Michelin, qui lançait cette fois ci la création du Guide Vert. Enfin, j’ai pratiqué presque dix ans un art martial japonais, et je suis une grande amatrice de littérature japonaise. Avant mon premier voyage sur place, j’ai dévoré bien des auteurs dont l’intégral de Kawabatta.

Dans « Aujourd’hui en Chine », la destruction du vieux quartier où vit la jeune Lanhua est au coeur de l’intrigue. Pourquoi avoir choisi cet angle pour découvrir la Chine ?

Parce qu’en 2002, j’ai vécu presque un an à Shanghai, or le quartier où je vivais alors était menacée de destruction. Avec mon compagnon, nous avons partagé jour après jour le quotidien de ces petites gens qui tentaient de continuer à vivre comme si de rien n’était. Nous y avons rencontré des personnalités dignes, extrêmement attachantes, et d’une rare humanité. Quand j’ai commencé à réfléchir au futur livre que serait “Aujourd’hui en Chine”, le personnage de Lanhua, imaginaire celui là, s’est tout de suite imposé à moi, et c’est devenu une évidence que c’est aussi et avant tout ce quartier de Shanghai qui en serait le héros. D’ailleurs, le livre lui en parti dédicacé.

Comment faire passer auprès des enfants, cette notion de préservation de la nature et du tourisme responsable ?

Par des analogies toutes simples, que j’utilise souvent quand je fais des animations scolaires. Par exemple, leur montrer que tout commence en pensant à éteindre la lumière de sa chambre, en évitant de gaspiller l’eau. En voyage, c’est pareil, et dans les pays pauvres, on doit d’autant plus faire attention. Leur expliquer qu’en Afrique, j’ai pu sans problème me laver avec un seau d’eau et une tasse. Leur dire aussi que la planète fatigue, comme une maison qui saturerait sous le nombre d’invités. Les inciter à rencontrer les gens, à prendre les transports en commun, à taquiner leurs parents quand ils marchandent trop. En bref, des images, du bon sens, et de l’humour. Mais je dois être pénible, des fois, aussi.

Avez-vous un nouvel ouvrage pour les enfants en préparation ?

J’ai deux projets en cours – l’un plutôt bien parti – l’autre qui navigue d’un éditeur à l’autre. Je croise donc les doigts et les étoiles.

Propos recueillis par Sandrine Damie – Décembre 2013

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