Un livre dans ma valise Europe,Lecteur ado Auschwitz : « un jour » de Morris Gleitzman

Auschwitz : « un jour » de Morris Gleitzman


Un jour" de Morris Gleitzman

L’humour est parfois la meilleure – et la seule arme – pour faire face à l’abominable. Morris Gleitzman nous propose un roman sur la vie d’un enfant à Auschwitz, parfois drôle – souvent poignant.

Un jour" de Morris Gleitzman

Comment parler de la guerre ? de la Shoah ? des camps de concentration à nos enfants ? A 8 ans, ma fille me voyant avec ce roman dans les mains, m’a demandé de lui raconter l’histoire, comme elle me le demandait si souvent pour toutes mes lectures. Le sujet est des plus délicats qui plus est à l’heure du petit-déjeuner quand on n’a que 5 minutes avant le départ à l’école et l’esprit encore un peu sur l’oreiller. Alors voilà ce que j’ai tenté de lui en dire.

« Un jour » est un roman de Morris Gleitzman (paru chez Folio Junior). Il raconte – avec ses mots, son imagination et tout de qu’il a pu lire ou entendre sur la Seconde Guerre Mondiale – l’horreur du quotidien d’un petit garçon, Félix Salinger, juif en Pologne. Il s’inspire de faits réels.

Morris Gleitzman, dont une partie de la famille a péri en Pologne, a eu le déclic pour écrire cette histoire à la suite d’une lecture : c’était un livre à propos d’un médecin et écrivain pour enfants juifs polonais qui consacra sa vie à soigner les plus jeunes. Quand les Nazis sont venus exterminer les enfants dont il s’occupait, il a choisi la mort, plutôt que la liberté qu’on lui offrait.

A la fin du roman, Morris Gleitzman écrit :

« Janusz Korczak est devenu mon héros. Son histoire a planté une graine dans mon imagination. En me préparant à écrire ce récit, j’en ai lu bien d’autres : des journaux intimes, des lettres, des notes et mémoires de personnes qui étaient jeunes à l’époque de l’Holocauste.« 

Que raconte Morris Gleitzman dans « un jour » ?

Dans le roman, Felix Salinger est conduit par ses parents, libraires polonais, dans un orphelinat pour le protéger des Nazis. Mais voilà, Félix est persuadé que ses parents ne sont pas morts comme ceux de tous les autres enfants qui partagent désormais sa vie depuis « 3 ans et 8 mois » (moment où débute son récit). Sur un signe complètement farfelu qu’il croit venir de ses parents (une carotte cachée dans sa soupe… générosité d’une bonne sœur en fait), il s’enfuit de l’orphelinat pour retrouver ses parents.

De son retour à la librairie familiale, réquisitionnée, à la rencontre de Zelda, une petite fille dont les parents viennent d’être fusillés sous les yeux de l’enfant, Félix se raconte des histoires. Il nous raconte ses histoires qui lui permettent de faire face, d’avancer, de trouver des ressources en lui. Les privations de nourriture, les colonnes d’exilés, la cruauté des Nazis, la cache dans une cave, les exécutions, le changement d’identité… on avance avec lui dans l’horreur.

Dans les histoires que nous raconte Félix, le livre a une place capitale. Et une question qui revient sans cesse : « Pourquoi les Nazis font-ils souffrir les gens, juste pour quelques vieux livres ? » et auquel au milieu du livre Félix ébauche sa réponse : « Ce ne sont peut être pas seulement nos livres que les Nazis détestent. C’est peut-être nous« .

Alors attendez-vous à un récit qui retourne les tripes, qui vous fait tellement pleurer qu’il vous faudra un certain nombre de pauses dans la lecture pour sécher vos larmes. Et longtemps, les fameux « t’es bête ou quoi ?  » de la petite Zelda raisonneront dans votre mémoire.

Ce roman bouleversant est à lire à partir de l’adolescence, quand cette période sombre de l’Histoire est étudiée au lycée.

Aujourd’hui, ma fille a 15 ans. Je crois que je vais lui offrir ce roman.

Sandrine Damie

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